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Desierto, l'horreur de la migration

Jonás Cuarón met en scène le conflit existant entre les "Minutemen", ces miliciens frontaliers violemment opposés à l'immigration du Mexique vers les États-Unis, et les migrants mexicains. Une plongée brutale dans le désert du Sonora, à la frontière californienne.

Le soleil se lève sur le désert du Sonora, macabre annonciateur de la terreur rampante. Un camion empli de migrants passe. Une panne l'arrête. Le reste du chemin devra se faire à pied pour les douze mexicains et leurs deux passeurs. Pendant ce temps, au bord d'un vieux pick-up, armé d'une carabine à lunette et flanqué de son chien, un homme entame sa journée de chasse. Dès les premières minutes de Desierto, on voit comme l'œuvre oscille entre drame et thriller. Si cela continue jusqu'au bout, on chute d'un seul coup dans l'horreur lorsque le chasseur massacre implacablement dix personnes du groupe.

Brutal

Desierto est sec, froid, brutal. La musique de Woodkid agresse, ses tons graves imposent à nos oreilles un rythme dur, épaississent la tension. Dans ce climat de panique, on s'attache malgré tout aux deux personnages principaux. À Moises (campé par l'excellent Gael García Bernal), migrant déterminé souhaitant rejoindre son fils, mais aussi à Sam (Jeffrey Dean Morgan, toujours parfait), le minutemen qui le traque, fusionnel avec son chien et certain de sa légitimité. La mort du chien, brûlé vif par une fusée de détresse tirée dans sa gorge, semble la pire, la plus atroce. Impossible pourtant d'oublier l'horreur choquante du premier massacre : comment réagir lorsqu'un être humain tire sur ses semblables comme sur des lapins, et s'estime dans son droit ?

Sam ne sombre dans la caricature que lorsqu'il jubile après son massacre, gueulant à la ronde : "Youuuuuhou ! This is MY COUNTRY !" ("C'est MON PAYS !") Une telle rancœur paraît absurde, lorsqu'on évalue sa cause : le passage d'une barrière de fins barbelés, au beau milieu d'un désert anonyme.

Un film de parallèles

Tout s'entrecroise dans un scénario des plus simples. Les paysages, spectateurs massifs mais impuissants, sont en symétrie avec le film, avec Moises. Chacun est implacable, mais bon : le désert regorge de dangers (chaleur, crevasses, serpents...) mais s'avère aussi dangereux pour Sam; le scénario n'épargne presqu'aucun personnage mais favorise le "bon héros"; Moises abandonne Adela pour une chance de survivre, mais revient pour elle, compassion dont il fait montre dès le début, en secourant le moins athlétique du groupe...

Chacun retourne ultimement la situation au profit des "gentils". Un crotale perturbe Sam (et finit comme les autres migrants), ce qui sauve pour un temps les deux derniers survivants. Le film s'achève en donnant un espoir à Moises et Adela. Moises parvient à vaincre Sam mais laisse le désert s'occuper de lui. D'ailleurs, à la fin et tout du long, le labyrinthe d'excroissances rocheuses se fait l'allié des proies. Les parallèles vont et viennent, comme pour appuyer l'universalité de l'œuvre.

Tout un chacun

Pour parfaire cette universalité, le réalisateur a une autre arme : l'anonymat des personnages. Le seul nom entendu dans le film est celui du chien, lui-même concrétion du tueur et de la victime. Et même là, l'animal porte le nom de sa fonction : Tracker.

Pour les autres, pas de nom avant le générique. Moises est le prénom d'un héros salvateur mythique, de ceux auquel il "faut" s'identifier. Sam celui du quidam américain. N'importe qui donc. La vérité derrière Desierto ? Qu'on quitte le Mexique ou la Syrie, qu'on traverse un désert américain ou une clairière slovène, le cauchemar migratoire est à peu près le même.

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