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Danish Girl, beauté tragique

Jeudi dernier, MadmoiZelle.com organisait le premier Cinemadz de l'année 2016. Pour marquer le coup, il fallait un choix de gourmet : challenge réussi avec le film de Tom Hooper.

Dans Danish Girl, Eddie Redmayne incarne Lili Elbe, d'abord connue comme le peintre Einar Wegener, première personne au monde à avoir subi avec succès une opération de réattribution sexuelle. Ça, c'est ce qu'en dit Wikipédia (ou AlloCiné, selon votre philosophie). Certes, l'histoire se centre sur la lutte intérieure de Lili entre sa nature véritable et le personnage créé par la pression sociale qu'est Einar. En réalité, l’œuvre s'intéresse bien moins aux réactions brutales, méprisables des personnes bien-pensantes, qu'à la solidité de la relation entre Lili et Gerta Gottlieb, épouse d'Einar mais surtout personnage galvanisant d'un bout à l'autre du film, jouée par la rayonnante Alicia Vikander.

Sense of wonder

Dès l'entrée en matière, Tom Hooper nous place devant un ciel éclatant de gris, des landes à la beauté froide, et, enfin, la tourbière d'Ajle et sa ligne d'arbres peinte encore et encore, de mémoire, par Einar Wegener, comme pour mieux fouiller ses souvenirs à la recherche de la personne qu'il n'a été pleinement qu'une fois jusqu'ici. Un certain sense of wonder émerge des lumières magnifiques jetées sur les plaines paisibles, les maisons colorées du Danemark ; sur les salons enfumés et les salle élégantes des bâtiments parisiens. La fin grandiose, sublime, achève son histoire en retournant à la tourbière. La boucle de Lili se boucle discrètement, mais pas totalement : une partie d'elle, la plus symbolique, la plus universelle, s'échappe et se déroule encore aujourd'hui.

Beau et simple

Eddie Redmane est en passe de devenir mon acteur favori, et le meilleur du monde. Comme dans The Theory of Everything, son jeu, lors de ses accès (de paralysie pour Hawking, d'ulcère – ou ce qui y ressemble, en tout cas la manifestation des souffrances intérieure qu'elle endure – pour Lili) nous prend à la gorge avec son personnage. On étouffe, on souffre aussi atrocement que si c'était nous qu'on empêchait de vivre « entièrement », pour reprendre un terme utilisé par Lili. Les deux magnifiques protagonistes parviennent à nous emporter au cœur de l'ouragan émotionnel qui les frappe avec l'apparition d'une Lili trop longtemps étouffée. Aussi beau que simple, Danish Girl ne s'embarrasse pas de dialogues riches, de grands discours démonstratifs. Un regard, un geste, une caresse, pour menu.es qu'illes soient, sont seul.es nécessaires. Seule, la personne suffit.

Précision

Au risque de passer pour piètre observateur et piètre connaisseur des gens, je ne connais aucune personne transgenre, transsexuelle ou en désaccord avec le sexe que lui a assigné la nature et auquel l'opinion publique tente en général de la cantonner. Aussi ne sais-je si ce film est juste, si ce film est réaliste, s'il fait preuve d'insensibilité, d'astuce ou s'il est caricatural en quelque point que ce soit du débat s'il le crée. Je sais seulement qu'il était grand, beau – il ne sentait pas le sable chaud mais plutôt la brise marine et le bois ciré – et qu'il m'a emporté avant de me déposer bouleversé sur le seuil du MK2, les paupières pas encore totalement sèches et l'idée en tête qu'il effectuait un pas de plus, de géant.e ou de gerbille, vers la compréhension et la reconnaissance.

Merci à http://www.madmoizelle.com/ pour l'avant-première.

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